5 questions d'un chef opérateur à son étalonneur.
Avant de commencer un étalonnage, je me renseigne un minimum sur les images tournées. (Type de caméra , fichiers enregistrés, histoire et intention...) Je trouve normal que le chef opérateur s'interroge à son tour sur la préparation de la session d'étalonnage. Voici quelques sujets qui me paraissent important d'aborder avant de poser le premier Node.
Quels sont les éléments fournis par le montage ou la production ?
Il m’arrive de travailler avec des images fournies par la production ou le montage, qui ne sont qu’une triste copie des rushes. Le poids informatique du fichier, ou le type de compression devrait vous alarmer sur la qualité des images sur lequel l’étalonneur va travailler. Il m’est arrivé de recevoir un fichier MP4 de quelques dizaine de Ko, sans que cela ne dérange personne!
En cas de doute, je demande toujours à la production un plan des rushes pour le comparer avec l’export du montage. En cas de dérapage numérique, je deviens lanceur d'alerte!
Quel Gamma est utilisé dans le projet ?
La notion de gamma (d'affichage) est une question primordiale à se poser avant même de commencer l'étalonnage. Le gamma du projet devrait être le même que celui de l'écran qui affiche vos images. Est ce du 2.2, 2.4 ou un autre? Ce chiffre doit dépendre de la luminosité de la salle d'étalonnage et du type d'écran ou du projecteur utilisé et de sa calibration. La question devient encore plus importante si vos images ont été exposé en pied de courbe. Je me souviens d’un de mes premiers étalonnages ou l’opérateur souhaitait ne rien voir à l’action (de nuit)….et qui nous paraissait super visible sur sa TV mal étalonnée !
Vos images vont être vues sur un ordinateur en pleine journée, sur un écran plasma (LCD, Oled) dans l'obscurité de votre salon, ou dans une salle de projection. comment peut-on savoir qu'elle est la correction de gamma à appliquer sur vos images, en sachant que la norme (2.2) n'est plus vraiment d'actualité et que beaucoup utilisent du 2.4? La seule solution que j'ai trouvée à ce problème serait de faire deux exports avec deux gammas différents (2.2 et 2.4) en fonction d'une diffusion (plein jour) sur un écran d'ordinateur pour un, et un autre pour les PAD TV.
Quel espace colorimétrique est utilisé dans le projet ?
Les techniques de post production changent. La question de l’espace colorimétrique n’était pas évoquée il y a encore quelques années…Le Rec709 était roi. Aujourd’hui, grâce aux nouvelles caméras et aux différents moyens de diffusion (arrivées du HDR..) , de nombreux espaces colorimétriques sont proposés et des nouveaux gamuts, (encore plus grand, encore plus fort) sont proposés dans les logiciels d'étalonnage . C'est un sujet d'avenir qui commence à être discuté aujourd'hui. Un sujet à ne surtout pas "Bypasser".
Comment sont "débayerisés" mes fichiers Red, où quelle est la Lut appliquée à mes images?
Cette question peut paraître un peu dépassée, mais à entendre ou lire certains commentaires...elle a sa place dans ce poste:
Développé un fichier R3D ou appliquer une LUT sur les images demande une certaine vigilance pour que ce "développement" ne dégrade pas votre signal. Il n’existe pas de formule magique, car chaque film est différent. Pour appliquer une LUT sur des images, il existe plusieurs méthodes pour y parvenir. Avant de commencer un étalonnage, je propose toujours la LUT préconisée par le fabricant de la caméra et peut-être deux ou autres que je trouve intéressante. Ces LUTs sont présentées sur les plans les plus significatifs du film, et les plus extremes dans leur couleur et leur exposition. Je vais prendre en compte plusieurs paramètres ( la granularité, les saturations, la définition, les rendus des teintes de peau) et fais quelques tests de keyers afin d'exprimer mon choix sur la LUT à utiliser. Le choix de la lut et la façon de travailler doit être une discussion entre l’étalonneur et le chef opérateur. La base pour bien commencer un étalonnage.
Peut on se fier à l’écran d'étalonnage?
Comme toutes les sciences, la calibration de l’écran est un domaine très complexe. Il m’en a fallu du temps pour comprendre et apprendre les bases de la colorimétrie et la calibration d'un écran. Ce que je peux vous dire par expérience, c’est de ne pas faire confiance aux sondes vendues pour le grand public (à 100 euros). Il est préférable qu’un moniteur soit calibré tous les ans par un professionnel que tous les 3 mois avec du matériel peu fiable. Si vous doutez de la bonne calibration de l'écran, il fait d'assurer que ce problème ne vient pas d’un autre paramètre : Setting du projet, l'export, interprétation du fichier (quicktime) par le lecteur, le rendu sur une autre TV.
Si le doute persiste, vous n'avez pas d'autre solution que de ressortir la sonde.
L’étalonneur est l'interlocuteur principal du chef opérateur. Avant de commencer une session d'étalonnage, il est bon d'expliquer notre méthode et nos bases techniques.